Bonjour Billy95,
Tout d'abord, tu devrais effectuer une recherche dans les archives avec les mots clés "CLP" ou "correspondant local de presse", tu constateras que beaucoup de choses ont déjà été écrites sur le sujet qui consistent, pour l'essentiel, à avertir les intéressés des chausse-trappes de ce statut.
Pour rappel, le CLP n'est pas un journaliste (est journaliste une personne qui tire l'essentiel de ses revenus du journalisme, revenus qui doivent être versés en salaire, cf Code du travail et convention collective de travail des journalistes, tu trouveras tout ça sur le site du SNJ, par exemple, ou sur Legifrance). A l'inverse, l'activité de CLP ne peut être qu'une activité accessoire. Elle est payée en honoraires (donc sans cotisations, sans protection etc).
Pour essayer de répondre à tes questions, je dirais que ta situation est assez courante : de nombreux CLP contribuent pendant de longues périodes, de façon plus ou moins intensive, à des titres de presse locale et régionale. Jusque là, rien d'illégal : un boucher, une institutrice, un chômeur, une retraitée, un étudiant, un père au foyer peuvent tout à fait avoir envie de couvrir le bal des pompiers ou le conseil municipal de leur bled pendant des années. Bien sûr, n'étant liés par aucun contrat ni, en théorie, par aucun lien de subordination (activité libérale), le CLP comme la publication peuvent tout à fait, du jour au lendemain, décider d'interrompre la collaboration. En toute légalité, ça se produit fréquemment (déménagement, lassitude, changement d'activité professionnelle...).
Les choses se compliquent :
- pour le CLP, quand ses honoraires dépassent un certain plafond (pourcentage du plafond de la Sécurité sociale, à vérifier), car il doit alors, sur ses (maigres) émoluments, s'acquitter de cotisations sociales,
- pour le titre en théorie mais plutôt pour le CLP en pratique, quand la collaboration excessivement fructueuse du CLP tend à faire de lui un faux CLP, exerçant de fait une activité de journaliste déguisée (à la limite du travail au noir).
Pour résumer : le statut de CLP, pourquoi pas, comme ça pour s'amuser, en parallèle des études, pour se faire un peu la main dans la perspective des concours d'écoles de journalisme, mais pas en lieu et place de journalistes professionnels payés comme tels (et ce, autant pour le bien des CLP que pour celui de la profession). Et surtout pas (comme cela arrive malheureusement trop souvent !) pour des pigistes en mal de collaborations salariées.
Si bien que :
Billy95 a écrit :Déjà, ma situation est-elle légale ?
Oui... et non à la fois. (Par exemple si tu viens travailler dans les locaux du journal, si tu reçois des directives précises de la rédaction, si tu es tenu à un certain niveau de production, cela peut s'apparenter à du travail dissimulé.)
Billy95 a écrit :aucun contrat n'a été signé et je ne reçois jamais de fiches de paie...
Normal car tu n'es pas salarié.
Billy95 a écrit :Je m'inquiète pour mon "poste" car j'ai bien peur un jour ils me remercient et mettent fin à notre collaboration, sans pour autant que j'ai eu des preuves de ce travail chez eux, étant donné qu'il n'y a ni contrat, ni fiche de paie.
Comme tu n'es pas salarié, le journal n'est tenu à rien vis-à-vis de toi (mises à part la courtoisie, la délicatesse etc, mais c'est rare dans ce domaine), et peut interrompre la collaboration, la faire fluctuer à loisir etc.
Billy95 a écrit :Comment pourrais-je faire valoir mes droits afin d'obtenir des documents qui prouvent que je travaille bien chez eux ?
Le journal ne te fournit-il pas au moins des notes d'honoraires, pour que tu saches ce qui t'a été payé ? Cela peut constituer une preuve... mais une preuve de quoi ? Et dans quel but ?
Billy95 a écrit :Mes articles sont passés dans le journal et il n'y a quasiment jamais mon nom qui est mentionné en bas de l'article. La seule source affichée est lorsque j'ai mis une photo à mon papier, mon nom est indiqué en source mais rien ne prouve que c'est bien moi qui ait écrit l'article...
Je ne connais pas les règles en la matière. Je ne connais que celles qui s'appliquent aux journalistes... et donc pas aux CLP. Mais je ne trouve pas ça très correct de la part du journal. Ne peux-tu pas en discuter avec ton interlocuteur dans le canard ? En faisant valoir ton ancienneté, la qualité de tes contributions, ou l'étendue de ton réseau sur ton secteur ?
J'ajoute que plusieurs CLP ont intenté ces dernières années des actions en justice (prud'hommes) pour obtenir la reconnaissance du statut de journaliste. Certains ont gagné, d'autres ont ramassé un joli pactole au stade de la conciliation, bref, c'est un domaine prodigue en situations aberrantes... mais qui malheureusement ne passionne pas les syndicats (encore que certains élus, notamment au SNJ de Publihebdos, aient porté des dossiers).
J'espère avoir répondu (correctement, tant qu'à faire) à tes questions.
Bon courage !