Sur le fond, ce qui m'a énervé, ce n'est pas tant les diverses perles présentées par les intervenants (certaines m'ont effectivement fait sourire) que le côté Michel Sardou-Le temps des Colonies de certains. Le côté "c'était mieux avant", ou plutôt "Les gens étaient meilleurs avant"
Oh, c'est un débat qui date de l'Empire Romain. On trouve des textes de grands auteurs latins se plaignant de l'inculture des générations suivantes...Mais on ne peut pas nier le fait que la tendance actuelle — tous métiers confondus, du fait de l'incompétence du système éducatif à pallier et ses propres manquements et la baisse du niveau moyen des élèves, surtout en ce qui concerne les bases lecture et écriture — veut que les jeunes arrivent aujourd'hui moins bien armé sur le marché du travail, de manière à s'y exprimer le plus correctement souhaitable.
Mais je ne crois pas que le niveau de recrutement des journalistes en général ait baissé. Ma grand-mère ne fait pas une faute d'orthographe ou de grammaire... Ferait-elle un bon journaliste ?
Les méthodes de travail, les rythmes, le nombre de SR dans les journaux, ça, oui, ça a changé. J'ai moi-même fabriqué, en tant que SR (ça n'est pas ma formation, mais ça s'est trouvé comme ça), un quotidien de 24 à 36 pages à deux. Deux SR pour faire la pagination, créer l'édition, placer les pubs, les jeux, reprendre les papiers des correspondants, relire ceux des journalistes, faire la mise en page, valider les pages de son collègues et les envoyer à l'imprimerie. Alors oui, j'ai laissé traîner des fautes, des coquilles, des bourdes parfois plus grosses que moi dont certaines méritaient sans doute "La rue des petites perles" du Volatile. Mais comment faire autrement ? Est-ce vraiment LA faute des SR, ou celle du manque de moyens ? Et ne pas s'y tromper, les rédacteurs sont confrontés aux mêmes difficultés. Quand on en est à son 5e article dans la journée, c'est vrai qu'on a envie de mettre "pare-balles" sans "s" et de rentrer chez soi, plutôt que de cogiter de nouveau pendant 30 minutes sur un titre 5 col.
Ce qui a changé, aussi c'est la volonté des journaux d'avoir des journalistes toujours plus généralistes. Et quasiment tous les médias sont concernés. Ils veulent des personnes capables de traiter un sujet culture, un sujet sport, et d'enchaîner su la politique locale ou nationale et l'économie. Eh bien désolé, on ne peut pas être bon partout, on peut toujours creuser et essayer de combler, le temps d'un reportage, ses lacunes, mais rien ne remplacera une vraie spécialisation, qui demande de l'investissement en temps et en en effort. J'utilise à dessein le mot "investissement" qui signifie qu'on n'en récolte pas forcément les fruits tout de suite. Et s'ajoute à ça une demande de compétences sur plusieurs médias (radio, télé, presse écrite, internet,etc.) qui n'arrange rien.
Quant aux "armes" des jeunes impétrants sur le marché du travail... eh bien j'ai la nette impression que c'est le marché du travail lui-même qui a changé, plus que les compétences de ceux qui y accèdent. L'orthographe, oui, bien sûr... Mais avant, dans beaucoup de métiers, on ne demandait pas de savoir écrire correctement. Ces métiers-là, soit n'existent plus, soit ont fusionné avec d'autres et exigent dorénavant de la paperasse et donc une compétence orthographique.
Et puis combien d'annonces qui demandent, en gros, des débutants avec deux années d'expérience ? Manière élégante de faire comprendre qu'il faut avoir deux années d'expérience mais avoir les prétentions salariales d'un débutant...
Alors, peut-être que la jeune génération, de par la déréliction du système éducatif, n'arrive pas avec les mêmes armes que son illustre prédécesseur (tenez, difficulté pour vous correcteurs, ce mot n'a pas de féminin, il me semble), mais je crois surtout que la société a juste... changé.
On peut s'en gausser, le déplorer ou tout simplement mépriser les jeunes générations (car c'est là, finalement, mon principal reproche : le mépris). Se faisant, on en apprend plus, finalement, sur les membres de l' "ancienne" génération que sur la nouvelle (dichotomie parfaitement arbitraire, d'ailleurs).