societypages a écrit :Il s’agit de deux professions divergentes quant à l’orientation des connaissances demandées. Alors qu’un journaliste peut être considéré comme un écrivain raté car il n’a approfondi ni le style, ni la matière.
Non, là aussi, ce sont deux professions totalement différentes.
Le journaliste informe, ce n'est pas le rôle de l'écrivain.
Je rapprocherais plus le métier du journaliste de celui de scientifique, ou de policier, que de celui d'écrivain. Le scientifique tente de comprendre le monde qui l'entoure (de même que le journaliste tente de le rentre intelligible au lecteur). Scientifique, policier et journaliste enquêtent, tentent d'étayer leurs hypothèses par des faits, recoupent les informations,... l'écrivain ne fait rien de tout ça (sauf s'il fait un livre-enquête, auquel cas son rôle se rapproche de celui du journaliste. Donc je parle ici de l'écrivain-romancier).
il travaille comme un moineau passant de branche en branche, de manière superficielle, se contentant du factuel.
Là encore, parle pour toi. Le but d'un journaliste est de relater les faits
et de les remettre dans leur contexte, les analyser, voir leurs implications. Certains le font, d'autres pas.
Un écrivain n’a que faire de ces calculs sordides. Il travaille avec son âme, et non sous le coup de la carotte et du bâton.
Ah bon ? L'écrivain ne doit pas bouffer, lui aussi ? Il ne doit donc pas essayer de faire un livre qui plaît aux lecteurs ? La "dictature" du lectorat est-elle vraiment plus douce que celle du directeur de publication ?
Ils sont assez rares les journalistes qui parviennent à vivre de leurs écrits, comme une longue enquête. De Closets a pu le faire à une époque passée.
Pour le coup, il a écrit quantité de conneries.
cela conduisant à ce processus de « people-orienting journalism » qui a achevé de saper la crédibilité des journalistes.
cela n'a rien à envier au "people-orienting writer".
« Le Canard enchaîné » peut faire ce travail, mais on lui reproche de payer ses informateurs.
On s'en fout de ce que certains lui reprochent. Ils font du bon journalisme, ils ont plein de lecteurs, le reste importe peu.
Tout le monde ment, et une interview n’est souvent qu’un assemblage de « propos mensongers recueillis ». Il ne s’agit pas de trouver de bonnes informations, mais de trouver des infos conformistes, pour vendre du contenu.
Faux. Il y a de bonnes interviews
A se sujet lisez les ouvrages de Bernard Stiegler sur la dénonciation de la télécratie et la destruction de l’ego par l’industrie culturelle.
J'ai interviewé une fois Stiegler, ça m'a enlevé toute envie de lire ce qu'il écrit depuis. Il était arrogant et voulait contrôler de A à Z le contenu de l'interview.
Il ne s’agit pas de renoncement, mais de la prise de conscience de deux réalités opposées. Une approche artistique, et une approche utilitaire, vénale, à la base du journalisme puisque ce dernier doit être rentable, inséré dans la cascade, le torrent publicitaire qui le finance.
Oui, l'approche littéraire est artistique, l'approche journalistique est utilitaire, puisque son but est d'informer. Mais je récuse le terme vénal. La presse doit vivre, tout comme l'édition doit vivre. Mais c'est marrant, tu n'accuses pas l'édition d'être vénale. Alors qu'elle sort elle aussi des livres pourris, et refuse probablement de publier certaines perles, car elles ne seraient pas rentables.
Peut-on dire que Frederic Beigbeder a écrit « 99 francs » sur ordre ? Ou bien que Houelbecq est obligé de ré-écrire les mêmes romans parce qu’il a créé un genre ?
Pour moi, c'est typique de l'édition "putassière", oui. Le but est de vendre, et le scandale est un des moyens les plus efficaces pour ça. Ca n'empêche pas les écrivains auteurs des scandales d'avoir du talent.
La bonne santé financière d’un journal renforce effectivement son indépendance. Pas d’argent, pas de journal, mais la recherche effrénée de budgets publicitaires sape la crédibilité, comme déjà évoqué.
Je suis d'accord.
« Le Monde » dirigé par André Fontaine, « Libération » dans les années ’80 faisaient un bon travail. De même les journaux de la fin du 19ème et début 20ème étaient de bonne qualité car les journalistes étaient plus proches de la classe moyenne et de la classe populaire que de la classe des possédants.
Ne t'inquiète pas, vu la précarisation de la profession, la plupart des journalistes vont redevenir proches de la classe moyenne (voire basse)
Ces journaux étaient parfois bons, parfois mauvais. Comme aujourd'hui. On peut à la rigueur discuter sur la proportion de "bon" et de "mauvais" aux différentes époques.
Quant au « Canard enchaîné », il ne s’agit pas d’un support entrant dans la catégorie de la presse alternative. Ce journal est établi depuis longtemps.
J'ai dit alternatif car non porté par un grand groupe. Les journalistes possèdent encore une large majorité. Je ne vois pas pourquoi un journal alternatif devrait forcément être pauvre, distribué par des bénévoles et mal mis en page.
Par presse alternative on entend un support anti-libéral, anti-productiviste, anti-consumériste, ne présentant pas une mise en page ressemblant à un écran de télévision, n’utilisant pas les commentateurs habituels.
Alternative = qui pense comme toi ?
Pour toi, un journal de qualité est forcément anti-libéral, anti-productiviste et anti-consumériste ? Evidemment, ça réduit le nombre de candidats.